[ La Peste d'Albert Camus ]


Auteur : Albert Camus
Genre : Contemporain
Editions Folio
Année 1947
279 pages



Oran 194., une épidémie de peste sévit. Au fil des pages, on assiste à l'extension progressive de la maladie et on observe la réaction de chacun face à l'épidémie : certains fuient, d'autres restent pour lutter. 



Au lycée, j'ai lu l'Etranger d'Albert Camus. Il faut bien vous avouer que je n'avais pas du tout aimé le style d'écriture et en particulier la narration. J'ai donc commencé ce livre pour ne pas me faire une idée générale du style de l'auteur en me basant uniquement sur un seul de ses ouvrages. Ce livre est initialement paru en 1947, soit deux années après la Seconde Guerre Mondiale. 
    
L'histoire commence dans les années 194. à Oran, ville algérienne en quarantaine à cause de la peste, une maladie qui a déjà ravagé le monde à différentes périodes de l'Histoire - l'Europe du XIVème siècle pour ne citer qu'un exemple. 

L'intrigue est découpée en cinq parties, elles-mêmes scindées en de nombreux petits chapitres. La première partie est centrée sur l'apparition de la maladie et les premières réactions des autorités. La seconde partie est davantage centrée sur l'organisation de la ville dans toutes ses sphères (commerce, police, religion, marché noir,...). Quant à la troisième partie, elle est concentrée sur les dégâts de la maladie. Il n'y a d'ailleurs aucune parole rapportée dans ce chapitre, on n'y trouve que de la description. La quatrième partie est la partie la plus sombre, on y trouve beaucoup de morts - beaucoup plus que dans les autres parties. C'est la partie la plus noire et la plus émouvante du roman d'après moi. La cinquième et dernière partie est, quant à elle, un retournement de situation incroyable où la maladie est vaincue et où la ville est alors débloquée. 
     
Oran est une ville méditerranéenne tournée vers son port et sa façade maritime : c'est une ville commerçante qui n'a pas de véritable cachet esthétique comme le rappelle le narrateur dans tout le roman. Toutefois, cette ville aurait très bien pu être Paris, Marseille etc. Le fait de savoir que l'histoire se passe à Oran ne donne pas au lecteur l'impression que cette maladie ne peut pas toucher et submerger une ville qui est beaucoup plus proche.  De plus, il y a des passages vraiment émouvants tout comme il y a des passages que j'ai trouvé inintéressants, longs et ennuyeux. Malheureusement, j'ai trouvé qu'il y avait plus de passages ennuyeux que de passages intéressants, touchants. 
    
Puis, la narration se fait sous forme de "chroniques". Par ce petit format, nous sommes complètement happés dans l'histoire - intégrés à l'histoire. On remarque d'ailleurs beaucoup de pronoms à la première personne du pluriel, soit "nous ","on". Ce type de narration permet un regard quasi scientifique sur cette ville résignée avec, par exemple dans la troisième ou quatrième partie, des passages de violence et de chaos. 

Par ailleurs, en aspect négatif, j'ai trouvé le style trop descriptif, trop anesthésié et donc sans sentiment (mais je tiens à dire que ce n'est pas parce que le style est sans sentiment qu'il n'est pas émouvant). Du coup, j'ai trouvé le roman long et ma lecture en fut laborieuse même si les personnages nommés sont attachants comme Tarrou, Grand ou Cottard. J'ai même été triste pour Rieux ... 
    
Le dernier chapitre est un peu spécial car dans l'ensemble du roman, on a un narrateur présent dans l'histoire qui nous décrit chaque phase chaque scène et chaque personnage sans que nous parvenions à deviner qui est ce personnage et où se place-t-il. Néanmoins, ce dernier chapitre nous révèle son identité et même si c'est sans surprise qu'on l'apprend, on est étonné tout de même par sa perception et son bilan négatif sur cette épidémie de peste. La dernière phrase résume bien tout cela : 


Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et dans le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse(p279, éd. folio 1992).

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