[ Bakhita de Véronique Olmi ]

Auteur : Véronique Olmi
Genre : littérature française, contemporain
Editions Albin Michel
Paru le 23 août 2017
455 pages

Résumé

Elle a été enlevée à sept ans dans son village du Darfour et a connu toutes les horreurs et les souffrances de l’esclavage. Rachetée à l’adolescence par le consul d’Italie, elle découvre un pays d’inégalités, de pauvreté et d’exclusion. Affranchie à la suite d’un procès retentissant à Venise, elle entre dans les ordres et traverse le tumulte des deux guerres mondiales et du fascisme en vouant sa vie aux enfants pauvres.

Mon avis


Dans Bakhita, Véronique Olmi livre une biographie romancée sur un personnage ayant réellement existé. Pendant son enfance au Darfour, Bakhita fut enlevée par des marchands d’esclaves et fut vendue. La jeune fille n’a de cesse de vouloir revoir sa sœur et sa mère. Les premières années de sa captivité sont très dures ; elle est maltraitée, frappée quotidiennement et elle voyage sans cesse s’éloignant toujours un peu plus de ses origines et de ses souvenirs. Elle en oublie sa langue natale et éprouve des difficultés à en apprendre des nouvelles. Non instruite - ne sachant pas lire - elle subit sa vie en espérant revoir sa mère même si elle ne se souvient ni de son apparence ni de son nom. 

C’est en cela que Bakhita est un personnage émouvant. Elle a vécu une vie très dure loin des siens. Battue et maltraitée presque toute sa vie, c’est seulement à son arrivée en Italie qu’elle obtient la liberté. Elle se tourne alors vers la religion et poursuit sa destinée en devenant bonne sœur. Ce récit est écrit de manière à donner la parole à Bakhita, une femme qui toute sa vie a eu du mal à parler une seule langue, empruntant de-ci de-là les mots qu’elle a entendus lors de son parcours d’esclave. Bakhita raconte son histoire avec une certaine naïveté, une candeur qui prend tout son sens à nos yeux. Ainsi, Véronique Olmi insuffle une seconde vie à ce personnage faisant d’elle une madone, une sainte tel que proclamée par l’ancien pape Jean-Paul II.

Dans ce roman, on ne peut qu’être ému par l’histoire de Bakhita et horrifié par les événements. L’histoire se passe de la fin XIXème au début XXème siècle et malgré l’abolition de l’esclavage, des esclavagistes sévissent encore en Afrique arrachant des enfants à leurs familles et les vendant à prix d’or en tant qu’esclaves. Tout ce qu’on remarque dans ce récit et en particulier lors de l’arrivée en Italie de Bakhita est l’abnégation de la société qui préfère fermer les yeux sur eux. 

En bref, Véronique Olmi livre ici un roman sensible sur un personnage qui par sa naïveté nous dépeint toutes les souffrances et horreurs que les hommes sont capables de se faire subir entre eux. A mes yeux, de par son thème qui sort de l’ordinaire et de pas l’écriture authentique de Véronique Olmi, cet auteur aurait dû recevoir le Prix Goncourt ! J’ai été bouleversée par ce roman et horrifiée par la vie de Bakhita. On éprouve de la sympathie pour ce personnage qui raconte avec ses mots sa détresse et la terreur dans laquelle elle a vécu une grande partie de sa vie, torturée au point d’en oublier sa famille, ses origines et sa langue natale. 

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