[ Me voici de Jonathan Safran Foer ]

Auteur : Jonathan Safran Foer
Genre : littérature américaine, contemporain
Editions de l'Olivier 
Coll. Littérature étrangère
Paru en septembre 2017
752 pages

Résumé

Jacob et Julia Bloch vivent à Washington (D.C.) avec leurs trois enfants. Derrière la façade rassurante qu’offre cette famille juive typiquement américaine, une crise majeure se prépare. Elle éclate lorsque Sam, le fils aîné, se fait expulser du lycée, et que son père est surpris en train d’envoyer des textos pornographiques à une inconnue. D’autres secousses vont suivre, menaçant les Bloch d’une dislocation définitive. Pendant ce temps, au Proche-Orient, un cataclysme se prépare. C’est finalement un tremblement de terre qui ravage la région et déclenche un conflit géopolitique de grande ampleur, mettant en péril l’existence même de l’État d’Israël, lequel lance un appel au secours à la diaspora. Comment tout cela va-t-il finir ?


Mon avis


Aujourd’hui, je vous présente un roman très particulier publié l’an dernier pour la rentrée littéraire d’automne. Je ne sais plus trop comment j’ai entendu parler de Jonathan Safran Foer, il ne me semble pas qu’il ait écrit beaucoup de romans mais pour le peu que j’ai lu, vu et entendu de lui, l’auteur est un incontournable de la scène littéraire américaine contemporaine.


Dans ce roman, l’auteur met en scène une famille juive au bord de l’implosion. Jusqu’alors Jacob et Julia Bloch vivaient une vie assez ordinaire avec leurs enfants. Julia en bonne mère de famille a pris l’habitude de penser à tout pour tout le monde et Jacob, lui, a pris l’habitude de s’effacer et de ne jamais contredire sa femme. Mais un jour, Julia découvre un téléphone secret qui appartient à son mari. Elle découvre alors une série de SMS qui sont destinés à une autre femme. Point d’orgue de leur relation, Julia remet en cause leur mariage et se rend compte que leur vie commune ne la satisfait plus. Jacob, lui, ne voulait pas tromper sa femme - d’ailleurs, il n’a eu aucune relation physique avec la femme à qui il écrivait tous ces messages. Pour les enfants, ils ont d’autres préoccupations - notamment Sam, 12 ans et aîné de la fratrie, qui fête bientôt sa bar-mitzvah et qui a été soupçonné dans son école d’insultes envers un de ses camarade de classe, aime davantage sa vie dans Other Life un jeu vidéo en ligne où il oeuvre sous le pseudonyme de Samantha.


Pendant la lecture de ce roman, j’ai eu deux états d’esprit qui se sont affrontés. Dans l’un, j’étais plutôt enthousiaste pendant la lecture des 200 à 300 premières pages. Mais dans l’autre partie du roman, j’ai trouvé l’histoire un peu lassante et les personnages un peu plaintifs, notamment celui de Jacob. Jonathan Safran Foer crée des situations cocasses pour ses personnages, n’hésitant pas à grossir leur trait et à leur donner une voix incisive lors des dialogues des fois drôles, des fois - trop- sérieux ou des fois absurdes mais qui souvent - faut bien l’avouer - font mouche auprès du lecteur. Les personnages sont quant à eux assez ordinaires mine de rien et c’est surtout le moment de leur vie dans lequel l’auteur décide de raconter la famille qui les rend atypiques, pour ne pas dire dysfonctionnels. Toutefois, l’auteur insère dans son récit des événements géopolitiques - certes, non anodins dans l’histoire - qui plombe l’histoire autant qu’ils alourdissent la narration.


En effet, l’auteur s’amuse avec la temporalité de l’histoire. Au début, les événements sont assez rapprochés voire se suivent à quelques heures ou quelques jours près. Certes, Jonathan Safran Foer n’hésite pas à faire des bonds dans le passé pour expliquer la rencontre de Julia et Jacob ou le passé de la famille Bloch mais, sur les cent dernières pages du roman, il n’hésite pas à faire des sauts dans le futur pour clore le roman en donnant cette impression au lecteur d’avoir retenu son souffle jusqu’à la dernière page.

Finalement, le suspense est total sur les événements qui vont suivre et notamment sur l’avenir - ou non - du couple de Julia et Jacob. Par ailleurs, ces personnages assez ordinaires ne donnent pas vraiment d’impression générale au lecteur ; ils ne sont ni antipathiques ni sympathiques, de même qu’on ne s’attache pas à eux. On partage avec eux un bout de leur vie et notamment ce qu’on peut appeler leur “middle life crisis” ou en français, leur crise de milieu de vie.


En bref, ce roman est une lecture en demi-teinte qui m’a accroché, décroché puis raccroché. J’ai eu du mal à le finir et le fait que ce soit une belle brique de plus de 700 pages n’est pas la seule raison. Certains événements - pourtant importants dans l’intrigue générale - ont alourdi la dynamique de l’histoire et ont sacrément plombé ma lecture. Toutefois, je ne laisse pas tomber mon idée de découvrir l’auteur et je me note son autre roman Extrêmement fort et incroyablement près dans ma liste de souhait de lecture.

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